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Duc Jean de Berry

1340-1416

Fils de roi, frère de roi et oncle de roi, la guerre de cent ans sera toute sa vie.Il naît l’année de la bataille de l’Ecluse et meure peu après la bataille d’Azincourt

                                                                       Mars 2005 par Michel Jardat

 

 

 

 

Chronologie et faits politiques contemporains

de Jean de France

 

 

1340 :

Jean de France, le troisième fils de Jean II le Bon roi de France et de Bonne du Luxembourg, naît le 30 novembre à Vincennes, c’est un prince français de la branche Valois de la dynastie capétienne. Il sera Jean 1er le magnifique

Il faut se souvenir de la disparition en 1328, sans descendance, du dernier capétien direct Charles IV, dernier fils de Philippe le Bel. Les cousins Valois ont accédés au trône avec Philippe VI  roi de France en 1328, c’est le fils de Charles de Valois,  frère de Philippe le Bel. Philippe VI est le père de Jean II le Bon, donc grand père de notre duc Jean. Se souvenir aussi de la contestation du roi anglais (Edouard III) qui se déclare roi de France, car il est le  petit fils de Philippe le Bel, cette question de succession  déclanche  la guerre dite de 100 ans.

 

1342 :

Clément VI est élu pape

 

1346 :

Bataille de Crécy (26 août) / Édouard III relance la guerre : il débarque dans le Cotentin, se dirige vers Paris puis remonte vers le Nord. Il est victorieux des Français et vient mettre le siège devant Calais qui se rend après plusieurs mois de résistance. Une tête de pont permanente est ainsi créée, destinée à demeurer anglaise jusqu'en 1558. 

 

1347 :

Une trêve est conclue avec les anglais (28 septembre)

 

1348 :

La grande peste atteint Paris, elle a atteint Marseille en 1347 et Lille en 1349. La mère de Jean de Berry, Bonne du Luxembourg, est emportée par cette maladie en 1349. Les  six enfants viables, sur les onze nés, sont donc orphelins de mère. Jean a alors 8 ans et son frère aîné,  le futur Charles V,  10ans.

La grande peste du milieu du XIV ème siècle a tué de 30 à 50 % de la population selon les villes et les milieux sociaux

Les reines de France, comme toutes les femmes à l’époque, avaient un enfant tous les ans pendant une période dix quinze ans après leur mariage. Il mourrait un  bon tiers de ces enfants, en bas âge.

 

1351 :

Fin de la trêve avec les Anglais, le prince noir (le fils du roi anglais) ravage le Languedoc

 

1356 :

Jean de France est fait comte de Poitou (avril) et lieutenant du roi (8 juin)

Le prince noir envahit le Poitou, l’armée française du roi Jean le Bon le poursuit. Les quatre fils du roi Jean le bon participent aussi à la chevauchée (Charles (18ans), louis (17ans), Jean (16ans), Philippe (14ans).

 

Le 19 septembre bataille de Poitiers, les français sont encore battus par les long bow gallois. La chevalerie prétentieuse, n’avait pas encore compris la leçon de Crécy. Quand cela tourne mal, les princes Charles, Louis et Jean sont écartés de la bataille et emmenés à Chauvigny. Le quatrième Philippe reste avec sont père Jean le Bon  et lui dit le célèbre «  père gardez vous à droite, gardez vous à gauche… ». Le roi Jean est fait prisonnier et emmené à Londres, il ne sera libéré que contre rançon. Cette bataille a particulièrement marqué les quatre jeunes frères, qui, à partir de cette date, chercherons à négocier et éviterons les batailles rangées. Ils appliqueront la stratégie du grignotage des possessions anglaises

Le dauphin Charles se considère régent de France en l’absence du roi Jean.

 

1357 :

La trêve de Bordeaux est signée

 

1358 :

Le prévôt des marchands (Etienne Marcel) trouble le royaume et essai de s’imposer à la royauté mal en point. Charles de Navarre dit « le mauvais » bat les jacqueries dans l’espoir de récupérer la France.

 

1360 :

Traité de Brétigny (9mai) (banlieue de Chartres) En captivité à Londres, le roi Jean II le Bon  est libéré contre une rançon. La rançon n’étant que partiellement payée, car la misère règne en France, des otages sont livrés (41 princes et barons) pour garantir le paiement, il s’agit notamment des enfants mâles du roi  Jean II le bon (Louis, Jean de France , Philippe) et de leur cousin Louis de Bourbon…. L’Angleterre reçoit aussi plusieurs provinces en plus de la Guyenne, la Gascogne, en toute souveraineté ainsi que Calais (qui restera anglaise jusqu’en 1550), le Ponthieu, le Poitou, le Limousin, le Périgord, la Saintonge etc.…La France perd toute la façade atlantique et  n’a plus de débouché sur l’océan.  Jean de France  sera otage à Londres, pendant sept ans,…. mais dans une prison dorée, digne de son rang…Pendant ces sept ans il reviendra de temps en temps, en s’engageant sur son honneur de chevalier,  pour gérer ses affaires et pour…..faire des enfants à sa femme.

Avant de partir à Londres, Jean  de France se marie avec Jeanne d’Armagnac (24 juin) qui lui donnera cinq enfants (Charles, Jean, Louis, Bonne, Marie). Bonne sera Bonne de Berry.

Bonne de Berry épousera en 2ème noces  le comte Bernard d’Armagnac, ils auront des enfants et l’une d’entre eux sera Bonne d’Armagnac, personnage de nos nuits secrètes au Palais Jacques Cœur. Elle n’a pas pu connaître la Grand’Maison de Jacques Cœur, car elle est morte en 1435 à l’âge de 36 ans, d’autres auteurs donnent sa mort à 20 ans. Dans le  mois d’avril des « très riches heures  du duc de Berry », la miniature représente les fiançailles princière de bonne d’Armagnac avec le duc Charles d’Orléans au printemps 1410. Les deux fiancés échange leurs anneaux

Jean de France reçoit en apanage les duchés de Berry et d’Auvergne, il a perdu le comté du Poitou (traité de Brétigny).

 

1364 :

Mort du roi Jean II le bon (8 avril). L’aîné des frères, Charles, devient le roi Charles V, Bertrand du Guesclin entre au service de Charles V, il s’illustre contre Charles le Mauvais.

 

1366 :

Du Guesclin emmène les grandes compagnies de battre en Espagne et de ce fait libère la France de ce fléau.

 

1369 :

Jean de Berry retrouve le Poitou

 

1370 :

Du Guesclin est nommé connétable par Charles V, la reconquête recommence véritablement par la stratégie du grignotage dans plusieurs provinces, au sud en Gascogne, au nord dans le Poitou, dans le sud de Berry (Ste Sévère) et Bourbonnais. Dès 1368, on reconquière ici une ville, là un château, on avance pas à pas, on « oublie » donc  le traité de Brétigny. Les frères du roi commandent des bataillons de l’ost royal. Jean est chargé de trouver les finances nécessaires. Tous les territoires, concernés par le traité de Brétigny ont été reconquis (sauf la Guyenne).

 

1377 :

Mort d’Edouard III… Richard II lui succède. Le prince noir, fils du roi Edouard III est mort en 1376, c’est le second fils du prince noir, qui succède à son grand père sous le nom de Richard II.

 

1378 :

Début du schisme en occident, élection de deux papes, Clément VII  s’installe à Avignon et Urbain VI s’installe à Rome.

 

1380 :

Mort de Du Guesclin (13 juillet), Mort de Charles V (16 septembre) à 42ans, son fils Charles devient le roi Charles VI (12 ans) jusqu’à sa mort en 1422, soit 42ans de « règne ». Son oncle Jean de Berry et ses autres oncles prennent la direction du royaume et s’incrusterons un peu trop longtemps au pouvoir, jusqu’à ses vingt ans passés.

 

1381 :

Jean de Berry est nommé lieutenant général du roi en Languedoc

 

1385 :

Mariage de Charles VI avec Isabeau de Bavière, Jean de Berry est présent.

Se souvenir de la 1ère  période de folie du roi (1392), suivie par beaucoup d’autres,  jusqu’à sa mort en 1422, elles ont considérablement altérer le fonctionnement des institutions du pays et cela pendant 30 ans. Il était appelé Charles le bien aimé et à partie de 1392, le fol.

 

1387 :

Mort de Jeanne d’Armagnac, épouse de Jean de Berry

 

1389 :

Jean de Berry se remarie avec Jeanne  d’Auvergne, une jeunesse de 12 ans et donc impubère. Elle a 38 ans de moins que lui. Ils n’auront pas d’enfants.

 

1404 :

Mort de Philippe de Bourgogne (frère de Jean de Berry), son fils Jean sans peur devient duc de Bourgogne et veut faire de celle-ci un état indépendant. Il se dispute avec son cousin Louis d’Orléans,  frère de Charles VI. Jean de Berry est le parrain de Jean sans Peur.

 

1407 :

Jean sans peur fait assassiner Louis d’Orléans, chef des Armagnacs,  les Bourguignons entrent dans Paris

 

1413 :

Les Armagnacs chassent les Bourguignons de Paris. Les armagnacs s’allient aux Français et les Bourguignon aux Anglais,  les prémisses de la 2ème partie de la guerre de cent ans commencent. Jean de Berry sera médiateur entre les Armagnacs et les Bourguignons, mais très vite il soutiendra le parti Armagnac.

 

1415 :

Bataille d’Azincourt (25 octobre) ( dans le Pas de Calais actuel), devant le refus de Charles VI de céder aux exigences anglaise, au printemps 1415, Henri V débarque dans la baie de la Seine et longe la côte pour rejoindre Calais. Charles VI veut le stopper, il dispose de 25000 hommes. Henri V n’a que 6000 hommes dont 5000 archers équipés du long bow gallois. On connaît la suite, la charge infructueuse de 600 chevaliers français, décimés par les archers anglais et les coutiliers. Les leçons de Crécy et de Poitiers n’ont pas servi. Jean de Berry vieilli et malade n’était pas à la bataille. A partir de la c’est le déferlement anglais sur la France.

 

1416 :

Mort du duc Jean de Berry à Paris (18 juin), il a été inhumé dans la Sainte chapelle de Bourges aujourd’hui disparue. Le gisant de la cathédrale a été commandé par son petit neveu Charles VII. En 1757 le cénotaphe fut transporté dans la crypte de la cathédrale.

 

 

 

Ses qualités d’homme et son caractère

 

Jean de Berry était un personnage important dans la 2ème partie du XIV siècle et au début du XV siècle. Il était fils de roi, frère de roi, oncle de roi. A cette époque vivre 76 ans, c’était très exceptionnel, il avait une très bonne santé. Il était posé et réfléchi  avant de décidé il prenait le temps, d’ailleurs sa devise était « le temps viendra ». Comme ses frères, il travaille pour le royaume de France, mais il pense aussi à fonder une famille à vocation dynastique. Il aime beaucoup la vie de famille et fait tout ce qui est en son pouvoir pour qu’elle soit bien, on ne lui connaît pas de maîtresse. Il cherche aussi à assurer de beaux mariages à ses enfants. Il  choisit seul sa 1ère épouse (Jeanne d’armagnac), ils s’aiment  sincèrement, il ne l’a pas choisi en  fonction de ce qu’elle lui rapportait. Il a fait ce choix avant 1360, avant le retour de son père otage à Londres, il n’a pas consulté son frère le dauphin et futur Charles V. Il a toujours besoin d’argent et de belles choses. Après de désastre de Poitiers (1356), il a accédé à de nombreuses responsabilités pour faire rentrée l’argent de rançon de son père le roi. Il a été en recherche perpétuelle d’espèces sonnantes et trébuchantes. Après 1356, il lui a du mûrir rapidement et être capable de faire face à de nombreuses responsabilités, tout en tirant la leçon de Poitiers. Il n’a jamais été un grand combattant, car il n’aimait pas la guerre, sa diplomatie a rendu de grands services en évitant l’affrontement direct avec les anglais. Certains auteurs le décrivent comme pleutre, avare, grossier et vaniteux, pour d’autres, il est ni cruel, ni rancunier, ne regarde pas à la dépense et est généreux avec ses gens.

 

 

 

Sa vie d’homme d’état

 

Il était grand et robuste, il le fallait,  car il a passé sa vie à cheval de Paris à Bourges, à Poitiers, à Clermont, à Montpellier, bien sur à Mehun sur Yèvre et dans bien d’autres villes de ses apanages. C’était un fin négociateur, il savait embobiner les Princes mais aussi lâcher du lest quand il le fallait. En Languedoc et dans ses autres apanages, il lève des impôts (taille et fouages) pour payer la rançon de son père. Il semble que les provinces sous son administration aient été correctement gérées, mais le petit peuple était écrasé par les impôts, que Jean n’hésitait pas lever pour les besoins de la guerre, pour la rançon de son père et pour son train de vie. Toute sa vie, il a été en recherche de liquidités, pas pour ce que représente l’argent, mais pour ce qu’il permet de faire. Certains auteurs, citent en exemple son  cousin Louis de Bourbon, qui semble meilleur administrateur que lui et économe des misères du peuple. Les auvergnats étaient mal administrés et écrasés d’impôts par Jean, ils s’enfuyaient en  Bourbonnais. C’est aussi à  cette époque qu’a sévie la grande peste, les « feux » fiscaux étaient donc de moins en moins nombreux. Il a toujours siégé au conseil royal, mais à partir de la mort de Charles V (1380), comme ses frères, il décide de l’avenir du royaume. Le neveu Charles VI finit par écarter ses oncles (1388) et gouverne seul avec  « les Marmousets », il fera brûler un homme de confiance du duc Jean pour se venger de la mauvaise gestion de son oncle. En 1392, Charles VI a son 1er accès de folie, les Marmousets sont  écartés et les oncles reviennent au pouvoir. Il y désaccord entre les ducs d’Orléans et de Bourgogne. De ce différent naîtront les difficultés du royaume en créant deux factions, les Armagnacs et les Bourguignons, la relance des prétentions anglaises et la poursuite de la guerre de cent ans et de l’occupation de la France jusque sur la Loire.

 

 

 

Sa vie de mécène et de bâtisseur

 

En 1360, lorsqu’il a eu l’apanage du Berry, Jean habitait avec sa famille chez l’archevêque, faute d’un palais correct, il rapidement commencé à construire le palais ducal. Jean a  construit, bâtit ou restauré toute sa vie, beaucoup de ses palais, châteaux et autres hôtels particuliers, ont disparus ou ont été partiellement détruits. Les plus remarquables sont la Sainte Chapelle  et le palais ducal à Bourges (dont il ne reste qu’une grande salle appartenant au conseil général du Cher), les châteaux de Mehun sur Yèvre, Nonette en Auvergne, Dourdan,  Lusignan, Poitiers. Il avait aussi l’hôtel de Nesle et le château de Bicêtre à Paris. Toute cette liste n’est pas exhaustive. Pour ces constructions, il avait engagé un architecte, il s’agit de Guy de Dammartin, qui était un maître d’œuvre réputé et engagé par de nombreux princes du XIV siècle. Il sera donc un bâtisseur infatigable qui a englouti beaucoup d’argent, alors que la guerre en consommait déjà beaucoup. Jean de Berry aimait s’entourer d’artistes, de sculpteurs, comme Beauneveu et d’enlumineurs et créateurs de livres comme les frères de Limbourg. On dit qu’il avait une très belle bibliothèque, qui pour l’époque, était remarquable, (Gutenberg n’était pas encore né). La plupart étaient des manuscrits rédigés et enluminés à la main. Il faut citer  « les très riches heures du duc Jean », ce manuscrit fut enluminé dans les années 1410 par les frères  de Limbourg, et plus tard par  d’Eyck et Colombe. Ce manuscrit est actuellement au Musée Condé de Chantilly. Il collectionnait aussi de très nombreux bijoux, de très belles pièces d’orfèvrerie, des tapisseries, des étoffes et des meubles, comme les manuscrits, presque tout a disparu. Ce goût immodéré,  pour les arts, a permis d’employer de nombreux artistes et de créer, pour un temps, une réelle vie artistique et culturelle à Bourges.

 

La miniature du mois d’août, des très riches heures,  a servi de modèle pour l’édition d’un timbre postal, entre le 25/09/1965 et le 10/09/1966

 

Un livre d’heures est un livre de prière pour un laïc, utilisé pour des dévotions privées. Il contenait les prières et les méditations adaptées aux moments de la journée, mais aussi au jour de la semaine, au mois et à la saison. Ces livres étaient très célèbres au XV siècle.

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